SKI DE RANDO À CHAMONIX
DANS LES PAS DE LÉONARD PIERREL
A la base, nous étions partis dans l’idée de réaliser un classique Crochu Bérard pour la journée.
Cela fait deux jours qu’il n’a pas neigé à Chamonix. Les domaines de la vallée sont devenus une zone privilégiée des skieurs de bosses. Le risque d’avalanche est descendu à 3/5 et demain il va faire beau. En toute logique, il est temps de sortir les skis de randonnée ! Après quelques messages et coups de téléphone, nous voilà un groupe de 8 personnes de tous niveaux confondus.
Le rendez-vous est donné à 8h30 sur le parking de la Flégère, il n’est pas question de louper la première cabine.
CROCHU BÉRARD
9h20, nous voilà en haut du téléski de la Floria, préparation des peaux, check des DVA, choix du bon nombre de couches pour avoir ni trop chaud ni trop froid… Le tout entouré par plusieurs groupes d’amis, de guides et de ski-alpinistes prêts pour la journée.
Premier effort commun : la montée au col des Aiguilles Crochues (2700m). Facile d’accès et proposant plusieurs itinéraires au sommet, nous ne sommes pas surpris que la trace soit déjà faite et c’est parfait pour les 300D+ du matin.
Une fois arrivés au col, quelques photos et nous enlevons les peaux de phoques. Les différents groupes se regardent, se jaugent « qui va où, combien êtes-vous, quel(s) itinéraire(s) ont été tracé(s) hier ? », tant de questions pour ne pas louper LA journée.
Le premier groupe arrivé au sommet décide de monter à la pointe d’Alphonse Favre. Ils sont très nombreux alors nous décidons de les laisser. L’autre groupe, emmené par un guide, est déjà parti plus bas sans attendre.
Ayant préparé notre randonnée la veille, nous suivons notre première décision. C’est alors que nous partons en direction de la Combe de l’Envers de Bérard. La neige est poudreuse mais légèrement soufflée. L’excitation commence à se faire sentir dans le groupe : concours de godille et jeux avec le relief. Tout pour annoncer une magnifique journée. La traversée descendante pour rejoindre la Combe se fait dans les traces des précédentes coulées, c’est un rappel à l’ordre pour tous, il faut rester prudent.
BRÈCHE DE BÉRARD (2600M)
Sur le chemin nous croisons le groupe avec le guide qui se prépare à faire le Col de Crochu. Après un coup d’œil sur la crête de l’Aiguille de Bérard, nous constatons que seulement deux randonneurs ont choisi cet itinéraire et ont fait la trace. Pas besoin de se concerter, tout notre groupe se dirige vers le fond de la combe pour rejoindre le départ de cette trace. Et pour le plaisir, nous sommes en plein soleil.
On double alors la mise avec 350D+, car théoriquement plus on monte plus on descend !
Les premiers 100m se font dans un couloir bien large et assez pentu tandis que le reste de la montée s’adoucit. La longue arête finale nous donne une vue magnifique sur le Massif des Fiz.
Avant de réaliser la dernière traversée à l’ombre pour rejoindre la Brèche Bérard, nous réalisons une petite pause au soleil pour boire un coup et faire des photos car le terrain est splendide.
Il n’est que 11h, hors de question de redescendre tout de suite dans le vallon pour finir de manger nos sandwichs dans le train du retour. Après concertation, la décision est unanime : on veut encore skier !
Nous descendons donc du côté ouest pour rejoindre le bas de l’Envers de Salenton pour remonter le Col du même nom.
COL DE SALENTON (2525M)
Avant même d’attaquer la descente, je pars avec les plus courageux pour effectuer une montée de couloir ski dans le dos, afin de gagner 3 virages et surtout pour le point de vue sur le Vallon de Bérard.
La descente vers l’envers de Salenton par les pentes de la montagne de Montjus se fait dans une neige bien froide. Les pentes sont joueuses avec quelques barres rocheuses facilement contournables. Le choix s’avère difficile entre profiter d’une plus longue descente ou traverser par la droite et réduire le temps de montée du col de Salenton. Je choisis alors l’option intermédiaire, profite d’un bout de la descente et remet les peaux à mi-chemin pour ne pas avoir trop à remonter.
Allez ! Encore 325D+ dans une combe peu pentue et bien ensoleillée !
Dans cette montée les écarts se creusent, le soleil tape fort, mes jambes deviennent lourdes et j’ai l’impression que mon matériel pèse plus lourd qu’au petit matin. Arrivés au col, les plaisanteries fusent, l’ambiance est bon enfant: les « vrais » randonneurs ont attaqué leur repas, tandis que les freerandonneurs déchaussent seulement… On en reparlera à la descente !
Le guide du groupe (en repos) propose du Génépi, il paraît que c’est une coutume...
VALLON DE BÉRARD
Sandwichs terminés, appareils photos rangés, skis chaussés: la tension commence à monter. C’est bientôt parti pour une descente de 800m, vierge avec 30cm de poudreuse.
Qui se lance en premier ? On se jauge, on hésite… Le plus expérimenté se lance, une dizaine de virages en godille, levé de bâton, c’est le signal : les fauves sont lâchés ! Chacun y va de son petit cri de joie, « passe à droite » « à gauche » « là tu peux sauter… » que du bonheur !
Arrivés au fond du Vallon, les sourires se partagent déjà, direction la gare du Buet pour prendre le train direction la maison. On se félicite, on sourit, on se tape dans la main...
C’est ainsi que nous avons « tracé notre chemin » !
#protectyouradventure