ULTRA TRAIL AU MEXIQUE
L'ULTRA RUN RARAMURI
Le 25 avril 2022, Vanessa Morales prenait le départ d’une course mythique, un ultra Trail au Mexique : L’Ultra Run Raramuri !
Un évènement qu’elle a attendu de nombreux mois, qu'elle a longuement préparé puisqu’il s’agit de son premier Ultra Trail.
Elle qui est déjà bien habituée aux courses extrêmes, elle s’élançait alors pour un 190km.
Voici un récit de course intense de notre ambassadrice, Vanessa Morales.
VOIR LA BIOGRAPHIELE DÉBUT DE L'ÉPREUVE
Départ de la course à 7 heure (heure Locale Barrancas del cobre). La musique, le personnel de l’hôtel, les organisateurs, la banderole, les occidentaux, les Raramuris, le stress… tout est là et réuni pour une course qui s’annonce différente.
Le 3.2.1 de Jean-François Tantin lance le départ de la course. Je sens en moi une euphorie géante et je suis heureuse de partir. Lorsque j’enclenche ma montre, celle-ci m’annonce qu’elle ne prend pas en charge ma trace GPS. Je tente une deuxième connexion et deuxième échec ! Je comprends immédiatement que le parcours va être compliqué sans trace. Ça va être long !
Je prends la tête de la course au niveau des féminines et tente de rester dans le milieu du groupe masculin. Assez rapidement, je prends conscience que les filles sont loin derrière et qu’il n’y aura pas de « compétition » féminine. Je décide donc de passer en mode économie, c’est-à-dire en mode découverte et aventure. L’état d’esprit au départ était celui-ci, aucune notion de compétition et aucun objectif de temps. Je voulais juste découvrir quelque chose d’autre, m’imprégner de cette ambiance et simplement découvrir.
UN BOUT DE CHEMIN EN ÉQUIPE
Je cours aux côtés de Johan Steene et Pavel Paloncý durant 3 heures 30, j’ai donc la chance d’être guidée par mes compagnons de course.
Lorsque les premières grosses montées arrivent, les garçons font l’écart et je me retrouve seule dans la montagne Mexicaine sans GPS.
Je me perds rapidement une première fois car le balisage est discret. Je tourne durant 25 minutes environ avant de retrouver la trace.
Aussitôt, deux nouveaux compagnons me rattrapent, Thierry Corbarieu et Jérôme Chauvin. Nous faisons route ensemble et je suis donc à nouveau chanceuse d’avoir des guides.
Au bout de quelques heures, Thierry disparaît. Il enchaine la descente et se perd à son tour. Impossible pour nous de le localiser.
Nous continuons notre avancée avec Jérôme durant 80 km, pensant que Thierry était devant.
Du CP 1 au CP 2, une chaleur assommante nous tombe dessus, plus de 40 degrés au fond du canyon.
Malgré cela, nous avançons et restons soudés. Direction le CP 3, toujours en binôme, une ascension rythmée qui se passe plus que bien.
La nuit est là ce qui fait beaucoup de bien, car la température chute.
Ensuite, direction le CP 4, plus roulant. Jérôme est plus rapide que moi et me distance. Il a été pendant des heures mon mentor de l’Ultra, il m’a conseillé, encouragé et attendu.
Un compagnon de course parfait et bienveillant ! Encore merci à lui !
LES DIFFICULTÉS DE L'ORIENTATION
Je commence à me perdre sur les sentiers, ne voyant pas toutes les rubalises, les aller retours incessants me prennent beaucoup d’énergie.
Je ne lâche pas et je retrouve ma trace rapidement à chaque point de doute.
Arrivée sur les hauteurs avant le CP 5, j’aperçois une dernière rubalise, j’avance, je tourne, retourne, monte, descends… et aucune autre balise en vue.
Je commence à paniquer et prends la décision d’attendre le prochain coureur en espérant qu’il soit équipé d’un GPS. J’imaginais que ce coureur pouvait être Johan Steen que j’avais laissé au CP2 ou Pavel que j’ai doublé avant le CP 4.
Mais non, ce sont 3 Raramuris qui arrivent. Lorsque je les vois, je cours vers eux et leur explique qu’il n’y a plus de trace et que je suis perdue, cela faisait une heure que je cherchais seule.
Nous décidons alors de chercher ensemble durant plus d’une heure. Encore de précieuses forces gaspillées.
A un moment, l’un des Raramuris appelle les deux autres. Ils parlent un dialecte que je ne comprends pas et prennent la fuite sans rien me dire.
Je les appelle mais aucun ne tourne les talons. Ils courent à toute allure en sens inverse du parcours.
Me voilà à nouveau seule, je suis fatiguée et j’ai peur. Je craque un peu à ce moment-là et me dis que ma course est terminée.
En quelques secondes, je reprends mon courage à deux mains et je refuse de renoncer !
Je décide de monter le plus haut possible et je garde espoir de voir le village et donc de retrouver la trace.
Voilà plus de 3 heures que je suis perdue. Arrivée en haut, j’aperçois le village et j’imagine que la trace est sur ma droite.
Je demande confirmation à une famille de Raramuris qui vit au milieu de la montagne et je descends à toute vitesse !
UN SECOND SOUFFLE POUR FINIR LA COURSE
Je pense être dans un état second tellement je suis déçue et en colère d’être partie sans GPS.
Lorsque j’arrive au CP 5 après enfin avoir récupéré la trace avec 10km de plus et je ne sais combien de D+, ma première inquiétude est que les Raramuris soient déjà passés.
Les personnes du CP me rassurent et me confirment que personne n’est passé.
Je reprends aussitôt la course car mon nouvel objectif est de finir devant les 3 coureurs qui m’avaient abandonné.
Le calvaire continue jusqu’à l’arrivée, je descends et je remonte, je cherche le parcours, je serre les dents. Heureusement que je joue toute la course à l’économie, c’est ce qui me permet de finir et de ne pas terminer dans un état critique.
Lorsque j’arrive au CP 6, je suis accueillie par une famille de Raramuris dans leur petite tente, c’est magique !
Je profite car je sais que j’ai de nombreuses heures d’avance sur les autres filles, mais également du temps d’avance sur les Raramuris. Je pars avec un gros câlin du chef de famille.
Evidemment, je suis reboostée pour la fin de la course. Je commence quand même à parler aux scorpions et araignées.
Je vois quelques animaux étranges. Des petites hallucinations qui font du bien, qui occupent l’esprit … mais il est surtout temps de rentrer !
J’arrive à joindre mes proches qui me rassurent à distance avec encore ces multiples faux pas liés au manque de GPS.
J’arrive enfin, contente de l’expérience et à la fois déçue de mes erreurs de débutante. Encore une fois, cela me servira pour la suite.
C’est une expérience de plus, et quelle expérience !